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La municipalité et son histoire

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En 1693, l’abbé Louis Soumande organise une expédition de chasse sur les hauteurs de la Côte, au nord de Saint-Joachim, et trouve de nouvelles terres cultivables à l’emplacement actuel de Saint-Ferréol-les-Neiges. Le 9 novembre, il écrit à Mgr de Laval : "J’ai pris avec moi trois habitants et Robert Dufour, qui sont des plus expérimentés dans le pays. Ils ont trouvé deux côtes, chacune le long d’une rivière (rivière Sainte-Anne). Dans la première côte, il y a de quoi placer 50 habitants, à trois arpents chacun, et dans la seconde, un terrain pour 40. Le plus beau pays du monde où il est facile d’y faire un chemin".

Noël Beaupré, arpenteur officiel, délimite, en 1728, les premières terres de Saint-Ferréol. Certaines de ces terres appartiennent à des habitants de Saint-Joachim qui acceptent, en 1729, l’offre faite par Louis Chauveau, par ordre du supérieur du Séminaire de Québec, l’abbé Lyon de Saint-Ferréol, de les laisser tomber au profit des nouveaux concessionnaires en échange de la moitié de la rente de leurs terres. Les premiers habitants de Saint-Ferréol seraient venus s’installer sur leurs terres l’année suivante. Cependant, le premier titre de concession repéré a été attribué à Étienne Simard en 1735. Celui-ci est suivi de près par les familles Paré, Lachance, Racine, Lessard, Poulin et Dupont.

La première chapelle de Saint-Ferréol est construite et bénite en 1767, mais ce n’est qu’en 1801 que la mission est desservie régulièrement par le curé de Sainte-Anne qui vient chaque quatrième dimanche du mois ou lors des fêtes d’obligation ou de dévotion. Le premier cimetière est autorisé en 1803. Avant cette date, les défunts étaient enterrés au cimetière Sainte-Anne. En 1842, une église de pierre est construite sur le même emplacement que la chapelle. Le 20 septembre 1849, les paroissiens accueillent leur premier curé résident, Charles Beaumont, après avoir signé devant notaire un acte garantissant au prêtre une dîme supplémentaire en patates, en foin et en bois de chauffage, plus 17 louis en argent.

Vers 1769, le Séminaire de Québec fait construire un moulin à farine au bord de la rivière Jean-Larose pour faciliter la tâche aux habitants de Saint-Ferréol qui doivent alors se rendre au moulin de Saint-Joachim ou du Petit-Pré à Château-Richer pour faire moudre leurs grains. Comme les habitants n’ont pas fourni les matériaux tel que promis pour la construction du moulin, les seigneurs de Beaupré décident de leur charger plus cher pour moudre leur blé. Le moulin de Saint-Ferréol, incendié le 3 septembre 1900, n’a jamais été reconstruit.

Le développement de Saint-Ferréol se fait difficillement car, étant situé en altitude, le climat y est plus rigoureux et les récoltes moins bonnes. En 1762, l’abbé Jacrau mentionne, dans son état de biens du Séminaire, que les colons abandonnent leurs terres parce que le blé gèle dès le mois d’août et qu’ils ne peuvent le recueillir. Ce phénomène tend cependant à diminuer avec les années selon l’énumération de 1860 dans laquelle il est mentionné : "On remarque que les gelées ne font point de dommages à la végétation comme autrefois". La population croît de manière accélérée à partir de 1831 jusqu’en 1851, période durant laquelle les terres des rangs Saint-Vincent et Saint-Antoine sont concédées. Cette croissance rapide de la population commence cependant à ralentir dès la décennie 1861-1871, alors que des terres sont concédées à des colons et bûcherons de l’île d’Orléans.

Dans les années 1860, une école est construite au centre de la paroisse de Saint-Ferréol, malgré les protestations des habitants des extrémités qui se plaignaient de la trop grande distance que leurs enfants auraient à parcourir pour s’y rendre. En 1872, le ministre de l’Instruction publique décide de diviser la municipalité scolaire en trois arrondissements en vue de la construction de deux autres écoles situées aux deux bouts de la paroisse.

La paroisse de Saint-Ferréol est érigée canoniquement en 1871 à la suite de son détachement des paroisses de Saint-Joachim et de Sainte-Anne-de-Beaupré. L’érection civile de la municipalité a lieu l’année suivante, le 24 décembre 1872.

En 1902, deux cultivateurs, F.-X. Mathieu et Alfred Lortie, ainsi qu’un ex-consul belge, Ferdinand Van Bruyssel, créent la première industrie forestière de la Côte-de-Beaupré. Le "Chemin de Cauchon", un vieux portage qui traverse Saint-Ferréol, sert alors au transport des billots jusqu’au moulin à scie situé sur l’île Labranche, à Beaupré. Ayant fait faillite, cette industrie est rachetée par un New-Yorkais, O.-W. Ordaway, qui s’associe à d’autres financiers américains en 1904 pour former la St. Anne Power Company. En 1905, cette compagnie signe un contrat avec le Séminaire de Québec lui permettant, pour une période de cinquante ans, de couper le bois contenu dans le drainage de la rivière Sainte-Anne en arrière de Saint-Ferréol et de Saint-Tite-des-Caps. Ce contrat a été prolongé par la suite pour étendre les droits de coupe jusqu’en 1966, puis jusqu’en 1986. Nombreux ont été les habitants de Saint-Ferréol-les-Neiges et de Saint-Tite-des-Caps à travailler pour cette compagnie dont le bois était acheminé jusqu’à Beaupré.

Né à Saint-Ferréol en 1905, Eugène Dupont, est à l’origine d’une entreprise familiale encore florissante, les Autocars Dupont localisés dans la ville de Québec depuis 1962. En 1936, Eugène Dupont qui transporte le courrier et les passagers de Saint-Ferréol depuis déjà quelques années, d’abord à cheval, puis en voiture, se fait construire un autobus. Au cours des années, il obtient le contrat pour transporter tout le courrier à partir de Québec et fait l’acquisition de camions et de « snowmobiles » qu’il met à la disposition de la papeterie de Sainte-Anne. Il se bâtit également un garage et achète la ligne d’autobus Cunninghan de Saint-Tite. Après le décès d’Eugène Dupont en 1984, ses deux fils héritent de la compagnie d’autobus. Aujourd’hui, cette entreprise se spécialise dans la fabrication d’autocars de type trolley, des répliques d’anciens tramways qui sillonnaient les rues des villes nord-américaines, dont Québec.

En 1907, le hameau nommé Rivière-des-Roches, situé à 2 km de l’embouchure de la rivière du même nom, est assez populeux pour justifier l’établissement d’un bureau de poste à cet endroit. Au début du XIXe siècle, on songeait déjà à y construire une église pour desservir ses habitants. Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, Narcisse Roberge y bâtit un moulin à scie et le fait fonctionner jusqu’à son déménagement sur l’île au Ruau en 1887. Au début du XXe siècle, le moulin est toujours en activité et un magasin général alimente la population en fournitures de toutes sortes. Le bureau de poste de Rivière-des-Roches ferme ses portes en 1954.

En 1899, trois investisseurs de la région fondent la Société des Sept Chutes dans le but d’exploiter les « pouvoirs d’eau » et les mines du territoire en vue d’y implanter des industries. Les droits de cette société sont achetés par une autre compagnie en 1909, mais l’exploitation de la puissance hydraulique des Sept Chutes demeure au stade de projet, puisqu’elle déclare faillite en 1922. C’est finalement la Compagnie hydraulique Stadacona qui signe un contrat officialisant la construction d’une centrale hydroélectrique sur le site des Sept Chutes en 1912. La construction du barrage nécessite plus de 300 ouvriers parmi lesquels on retrouve une majorité d’immigrants venus d’Europe de l’Est. En juillet 1915, la compagnie Stadacona prend le nom de Laurentian Power Company Ltd et près d’un an plus tard, le 9 mars 1916, la centrale hydroélectrique commence à vendre de l’électricité. En 1925, la centrale devient la propriété de la Quebec Power Company et en 1963, à la suite de la nationalisation de l’électricité, d’Hydro-Québec. La centrale des Sept Chutes ferme ses portes en 1984 pour des raisons de surplus de production d’électricité à l’échelle provinciale.

En 1925, à la suite du tremblement de terre qui a causé de lourds dommages dans la région de Charlevoix, le ministère de l’Intérieur fait construire une station de séismologie près de la centrale hydroélectrique aux Sept Chutes.

Durant près de cent ans, un four à chaux a fonctionné à proximité de la rivière Jean-Larose. Construit au XIXe siècle par le sieur Deschênes, ce fourneau de dix pieds de haut est acquis par Anatole Poulin en 1930. Ce dernier, qui possède également un moulin à calco près de la chute Jean-Larose, renonce à produire de la chaux vingt ans plus tard. En 1966, Poulin doit également abandonner son moulin à calco, car le gouvernement du Québec a pris possession de sa terre en vue de l’aménagement du Parc du Mont-Sainte-Anne.

Vers 1930, Madame Rose Lachance et son mari acquièrent une fromagerie située au village de Saint-Ferréol et la convertissent plus tard en magasin général, puis en hôtel. En 1949, Madame Lachance fait construire une auberge en retrait du village, dans le rang Saint-Julien, et y aménage un lac artificiel et des chalets. L’Auberge Lachance accueille surtout des touristes de la ville de Québec qui viennent profiter de l’air pur de la région. À la fin des années 1950, le premier Hôtel Lachance est détruit par un incendie, alors que le second est démoli dans les années 1980.

En 1934, les Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire envoient quatre religieuses à Saint-Ferréol pour prendre en charge l’école du village qui est agrandie pour l’occasion. En attendant la fin des travaux de construction de leur nouveau couvent, les sœurs sont hébergées temporairement au couvent de Beaupré, puis au presbytère de Saint-Ferréol. L’enseignement de qualité supérieure prodigué par les religieuses permet à quelques élèves de recevoir, cinq ans plus tard, leur certificat de septième et même de neuvième année.

Comme le barrage des Sept Chutes présente un obstacle pour le flottage du bois, la Quebec Power Co. procède en 1937, à la construction d’une dalle humide. Cette sorte de glissage sert à transporter les billes recueillies en amont du barrage jusqu’au moulin de Beaupré qui recrute une grande partie de ses contremaîtres et de ses ouvriers à Saint-Ferréol, permettant, par le fait même, à cette municipalité de prendre un essor considérable. Ayant une longueur 14,4 kilomètres, cette dalle est l’une des premières de ce genre à être construite au Canada et la plus longue en Amérique du Nord. La dalle est démantelée en 1966 à la suite de l’adoption de la Loi sur le transport de billots par camion et de l’interdiction de la pratique de la drave au Québec en 1965.

Le chemin de Saint-Ferréol est tenu ouvert pour la première fois durant l’hiver 1951-1952. Le contrat de déneigement est accordé à J.L. Welch.

Jouissant d’un climat sec et frais, Saint-Ferréol et Saint-Tite-des-Caps attirent de nombreux vacanciers durant la période estivale. Le premier lac artificiel de Saint-Ferréol, le lac des Trois-Castors, est aménagé à l’automne 1954. Des citoyens de Québec et des environs y construisent leur chalet d’été. Devant le succès de ce développement, le promoteur, Fernando Racine, projette d’ouvrir trois autres lacs artificiels. En mai 1962, le lac d’Argent se prépare à accueillir une colonie de vacanciers de l’Association des zouaves de Québec. En 1970, un terrain de camping situé dans le rang Saint-Antoine, doré d’une piscine et d’un lac artificiel, est inauguré.

Le 5 novembre 1969, le nom de Saint-Ferréol est changé pour celui de Saint-Féréol-les-Neiges afin de souligner la prospérité apportée par les nombreux skieurs attirés par la neige abondante que l’on retrouve sur le mont Sainte-Anne. Ce n’est qu’en 1978 que cette appellation sera arrêtée dans sa forme actuelle : Saint-Ferréol-les-Neiges. Le nom de Saint-Ferréol honore la mémoire du supérieur du Séminaire de Québec, l’abbé Jean Lyon de Saint-Ferréol (1692-après 1744), qui signait son patronyme tantôt avec un seul « r » tantôt avec deux.

Le 4 mars 1975, un incendie détruit l’église construite en 1902 pour remplacer celle de 1842. L’église actuelle, la plus récente de la Côte-de-Beaupré, est commencée durant l’été 1977 et la cérémonie de la bénédiction a lieu le 4 novembre de l’année suivante.

Peu de temps après la fermeture de la centrale hydroélectrique des Sept Chutes, des citoyens de Saint-Ferréol-les-Neiges, croyant fortement à la vocation touristique du site, forment une société à but non lucratif, la Corporation de développement de Saint-Ferréol-les-Neiges, dans le but de promouvoir le développement culturel, social et touristique de la région. Cette société a redonné vie au magnifique site des Sept Chutes en faisant restaurer les bâtiments, construire des belvédères le long de sentiers aménagés et en procédant au montage d’un centre d’interprétation historique. Depuis son ouverture officielle le 20 juin 1987, le site touristique des Sept Chutes a été visité par plus de 400 000 personnes. Il s’est vu décerner, en 1989, le titre de lauréat régional du Prix du développement touristique dans le cadre des « Grands Prix » du tourisme québécois.

En avril 1999, après un arrêt de quinze ans, le complexe hydroélectrique des Sept-Chutes reprend officiellement sa production d’électricité. En décembre de la même année, un partenariat est établi entre Hydro-Québec et la municipalité de Saint-Ferréol-les-Neiges pour créer Sept-Chutes, société en commandite.

Référence : Une histoire d’appartenance, La Côte-de-Beaupré et l’île d’Orléans, Isabelle Lussier et Caroline Roy, Les Éditions GID INC., 2002